Florian S.

http://etmonculcestdupolar.weebly.com/

Conseillé par (Libraire)
11 mai 2015

Objet Littéraire Non Identifié

Jean-Jean est responsable de la sécurité dans un supermarché régi par les lois du taylorisme qui prévoient, entre autre, que les employés n’ont pas le droit de nouer de relations entre eux au risque d’être moins productifs. Depuis une semaine, Jean-Jean est sur le qui-vive, aux prises, avec un énorme dossier : selon la rumeur, une caissière entretiendrait une relation avec Jacques-Chirac Oussoumo. Il suffit d’une seconde d’enregistrement de caméra de surveillance et d’un baiser volé pour que les deux protagonistes soient convoqués dans le bureau de la direction, mais un moment de panique entraîne la mort par balles de la caissière, des mains de Jean-Jean qui n’a pas très bien compris ce qui venait de se passer.

Malheureusement pour l’agent de sécurité, la jeune femme avait quatre fils, bandits de grands chemins, qui sont prêts à tout pour venger la mort de leur mère.

Quoi de mieux que l'humour noir et décalé pour dénoncer le totalitarisme caché de la société de consommation ? Absurde, drôle et captivant à souhait, Gunzig parvient à nous transporter jusqu'au bout de son délire dystopique où "vie" rime avec "profit". Et quand un récit à la fois drôle et intelligent est truffé de scènes d’action dignes de Tarentino, on ne peut qu’apprécier !

Conseillé par (Libraire)
11 mai 2015

Meilleur roman graphique de l'année

Sculpteur sans aucun avenir dans le milieu artistique depuis ses quelques mots malheureux à l’encontre de son ancien mécène, David vit une vie que personne ne peut envier, pas même les sans-abris qui le prennent en pitié et veulent le dépanner de quelques dollars. Car David est plus que pauvre, il a tout perdu et se retrouve à gaspiller ses derniers billets dans l’alcool le soir de son anniversaire. Quand soudain se présente à lui son oncle Harry, censé être mort depuis des années. Quelques nouvelles de la famille, quelques souvenirs communs, puis une question. « Que serais-tu prêt à donner pour ton art ? ». Sa vie, bien sûr, David donnerait sa vie, puisqu’il n’a plus que ça. Il se voit donc offrir de la part de son oncle mort un don terrible : il peut désormais modeler n’importe quoi de ses propres mains, sauf qu’il n’a que deux cents jours à vivre. Et alors ? Il n’a rien à perdre, autant se consacrer à la réalisation de son Œuvre ultime.
Jour un. David rencontre la femme de sa vie.
Avec "Le Sculpteur", on retrouve le talent tant attendu de Scott McCloud, véritable génie de la bande dessinée américaine. Non content de créer une histoire superbement poignante, il nous y transporte corps et âme grâce un travail exceptionnel de narration qui devrait sans trop de peine propulser cet album au rang de meilleur album de cette année. Et après avoir expérimenté la sensation de « lire un film », on peut dire que ce serait amplement mérité !

Éditions Gallmeister

16,50
Conseillé par (Libraire)
11 mai 2015

Beau à en pleurer

Patterson Wells est déblayeur sur les zones sinistrées, un brin survivaliste sur sa mesa isolée du reste du monde depuis qu’il a perdu son fils à cause de l’imposture d’un médecin douteux. Hormis son chien, il n’a d’autre ami que son voisin Henry, si ce n’est sa réserve personnelle d’alcool qui le fait tenir chaque jour de sa vie, quand il n’écrit pas à son fils décédé dans une tentative désespérée de faire son deuil. Il se bastonne, aussi. Souvent. Parfois dans des bars, parfois chez de vieux amis, le quotidien d’un type qui vit comme un fantôme. Plus tard, il trouve Henry blessé après que son propre fils l’a tabassé. Patterson rencontre le dealer froid et violent qu’est Junior, pour fixer les choses à sa manière et le prévenir de ne pas recommencer mais se tisse un lien curieux entre eux, mélange de fascination, d’adrénaline et surtout de tentative pour Patterson de garder Junior à l’œil, voire le canaliser tant qu’il peut. Un alcoolique dépressif et un dealer asocial qui font équipe pour vivre leurs aventures destructrices semées de coke, de baston, d’alcool, de filles, de plus de coke, de plus de baston. De balades tumultueuses dans l’enfer américain.

L’écriture est sèche et rêche, mais c’est dans la simplicité qu’on reconnait le talent. Chaque mot est placé là où il faut, et la part narrative s’éclipse facilement derrière la place que prend l’intrigue, c’est la psychologie des lascars et leurs gestes à eux qui méritent notre attention. Quant aux sentiments plus profonds, Whitmer les réserve pour les lettres bien plus intimes de Patterson à son fils, seul confident digne de savoir ce qui se cache sous la carapace rouillée. Et surtout, en même temps que Patterson et Junior, c’est toute l’Amérique puritaine qui réussit qui se prend un coup en plein visage, et l’auteur nous révèle ce qu’est la vie, celle qui se passe mal la plupart du temps et qui confine certaines personnes dans leur propre tristesse, sans aucune volonté de s’en sortir. C’est sans doute ça qui fait que ça marche entre les deux anti-héros, leur manque d’envie de retrouver une vie normale, leur incapacité à aimer peut-être, et encore moins à faire semblant, leur fuite des responsabilités, leur tendance à l’autodestruction. Les hommes perdus comme eux n’apportent rien de bon, et c’est ce que Cry Father s’applique à nous démontrer page après page.

19,00
Conseillé par (Libraire)
11 mai 2015

Mission, funk et apocalypse

W, c’est comme ça qu’il s’appelle, est un tueur à gage discrètement employé par des organisations impliquées dans des affaires internationales nécessitant parfois quelques « coups de pouce ». Il a toujours été le meilleur et se fend même d’écouter sa musique au moment de presser la détente. Ce jour-là, en cette fin de matinée ensoleillée de l’automne new yorkais, W se prépare à régler une mission de routine : entrer dans le complexe, tuer un homme, récupérer sa mallette, la remettre à son contact, filer. Oui, mais. C’était le 11 septembre 2001 et sa mission se déroule dans l’une des tours du World Trade Center. Quand il s’apprête à agir, plus rien ne se passe comme prévu. La tour tremble, s’affaisse, il doit improviser son meurtre, et se retrouve en plus traqué par d’anciens camarades aussi tueurs professionnels, lancés à ses trousses où qu’il se cache. Une course poursuite dans le chaos de Manhattan en cendres se lance, mais pourquoi ?

Dans ce premier roman, J-P. Chaumeil réussit le pari du thriller punchy et rythmé, en s’appuyant sur un style épuré. On a envie d’écouter tout ce qu’écoute W, on a envie de l’aiguiller, mais on ne voudrait certainement pas être à sa place dans cette ville en proie à la panique et au désespoir. Un auteur prometteur !

Conseillé par (Libraire)
11 mai 2015

"Rock N Roll Ain't Noise Pollution"

Vernon était disquaire et a toujours vécu selon l’esprit du Rock N Roll, le vrai. Il faisait partie de la scène sans se trouver sous les projecteurs, il diffusait la musique à une myriade d’habitués, il était une icône invisible. Mais les temps ont changé et la crise est partout, y compris dans la musique. La mort du disque, qu’ils appellent ça. En 2007, Vernon est contraint de fermer son magasin. Il vit de son reste de stock qu’il revend sur ebay, de moins en moins, jusqu’à ne plus rien avoir, et alors il vit de ses aides, jusqu'à ne plus pouvoir. Il est expulsé de chez lui, comme un malpropre. Il crèche à droite et à gauche, il galère à mort, c’est sûr, mais Vernon est libre. La musique le guide.
Virginie Despentes nous gratifie ici d’une splendide et terrible fresque sociale, à la fois du milieu du Rock et de l’état de la société française et ses laissés-pour-compte. Le tout porté par une écriture simple et percutante, évidente.