Conseils de lecture
LE grand roman noir de l'Amérique de la Grande Dépression
"Valentine Imhof aime surprendre et emmener le lecteur vers des horizons que peu ont osé explorer avant elle, et rarement avec autant d’allant. Ses personnages sont profonds, habités et s’emparent du lecteur au détour d’une phrase ou d’une page, sans crier gare, pour s’installer durablement dans nos coeurs et dans nos âmes.
Ouvrir un livre de Valentine Imhof est toujours une aventure. On a beau s’y engager en confiance, rien n’est joué d’avance. Il faut se laisser prendre par les mots, se laisser happer par les ambiances… C’est un risque à prendre, mais le lecteur comprendra vite que les personnages qu’il découvre vont l’accompagner longtemps et continuer à faire la route avec lui.
C’est une marque de fabrique. Un talent rare. C’est ce qui différencie l’auteur de l’écrivain.
Avec Le blues des phalènes, son troisième ouvrage publié aux Editions du Rouergue, Valentine Imhof délaisse les terres du polar (Par les rafales, Zippo) pour s’essayer avec brio au roman noir. Epopée, roman épique, grand roman américain… ? Le lecteur cherchera longtemps dans quelle catégorie déposer Le blues des phalènes. C’est l’effet que font les grands romans, les lectures salutaires, les textes qui marquent, les écrits qui durent...
Récit de vies, brisées, Le blues des phalènes nous emmène à la rencontre de quatre personnages ballottés par les événements, abimés par la vie, malmenés dans leurs tentatives de survie dans l’Amérique de la Grande Dépression.
Nous sommes en 1935, en 1933, ou en 1931 et découvrons au fil des pages les personnages de Milton, d’Arthur, de Pekka et de Nathan. A la naissance, tout les sépare, si ne n’est le désir fou qu’éprouve chacun d’entre eux de s’extraire de sa condition, de choisir librement son avenir, pour être enfin quelqu’un d’autre.
Ce qui les rassemble ? Avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. A Halifax, le 6 décembre 1917. Une explosion gigantesque ébranle la Nouvelle Ecosse et fait trembler l’Amérique. Une tragédie sans précédent qui donne à chacun de nos héros l’illusion de pouvoir repartir à zéro en essayant d’oublier sa vie d’avant…. Mais peut-on réellement échapper à la roue du destin ? Chacun l’apprendra à ses dépends, après avoir cru, pourtant, y parvenir…
Au-delà de ces récits de vie, d’un réalisme poignant, Le blues des phalènes est aussi un de ces grands romans américains au souffle épique. Un roman de l’Amérique d’en bas, celle qu’ont révélé
Jack London, Boxcar Bertha, John Steinbeck, Cormac Mc Carthy, Russel Banks, Howard Zinn ou Benjamin Whitmer… L’Amérique que dépeint Valentine Imhof, c’est celle des petits, des sans grades, celle sur laquelle s’est construite l’Amérique officielle, dans la violence, le bruit et la fureur… Valentine Imhof s’inscrit de plain pied dans cette tradition littéraire et lui rend justice en révélant ici ou là l’envers du décor : ce qui se cache derrière les visages de pierre de Mont Rushmore, le tribut payé à l’édification du Hoover Dam, les victimes du drame de Halifax, les humiliations faites aux freaks dans les zoos humains, les mauvais traitements infligés aux éleveurs navajos ou aux ouvriers agricoles de Salinas… Un condensé d’infamie sur fond de brutalité de classe et de tentation fasciste… Toute une époque...
Le blues des phalènes, c’est la fresque sanglante d’une Amérique magnifique mais terrifiante, l’Amérique vécue par quatre déclassés pourtant pétris d’espérance… C’est aussi un roman splendide qui fait définitivement entrer Valentine Imhof dans la cour des grands.
Une lecture salutaire et urgente. "
Un polar de géopolitique quantique à deux pas de chez nous...
Vous l’attendiez ? Le voici, le voilà, « Noir Diamant » de Jean-Hugues Oppel (la Manufacture de livres) est arrivé sur nos tables, et ça vaut le détour…
Outre le fait que l’action se passe en grande partie à… #Kehl et dans le #GrandEst (ah, le charme discret du quartier Gare, de Laneuveville-les-Nacy, de Saint-Dizier et de Vitry-le-François…), ce polar de géopolitique quantique (rien que ça !) est une des belles surprises de ce début d’été… A consommer sans modération (ce qui serait d’ailleurs impossible)
On avait quitté Lucy Chan en très fâcheuse posture à la fin de « Total Labrador », on la retrouve Lucy Rogue, et plus déterminée que jamais, au début de ce nouvel opus. Ni morte, ni vivante,bien au contraire, à l’instar du chat de Schrödinger (d’où le côté quantique…), Lucy va se retrouver entraînée à l’insu de son plein dans une nouvelle mission impossible, à la recherche d’ogives nucléaires kazakhes mystérieusement égarées depuis plusieurs années…
Ni une ni deux, la voilà repartie comme en 2001, agent DCD de la #CIA en binôme avec un agent fantôme de la DGSE sur les routes d’Alsace et de Lorraine… Le tout, comme dans les deux précédents ouvrages, sur fond d’agitation numérique sur le darknet et de contestation de l’administration Trump… #QDNG ? C’est KitDik666 qui vous le dit…
Bref, un très bon moment de lecture où l’on retrouve un Oppel en pleine forme, plus lucide et caustique que jamais derrière ses apparences trompeusement déjantées…
Et puis, imaginer Lucy Chan en pleine action à deux pas de chez nous ? #whatelse ? KD007 et Ethan Hunt peuvent définitivement aller se rhabiller… YoMan !
La somniloquie : vous connaissez ?
« Louise découvre ce trouble du sommeil , parce que son compagnon , son Carlos si doux, si investi dans l’aide aux autres, parle, crie, insulte , revit des scènes violentes, de crime ? toutes les nuits.
Elle décide de l’enregistrer et de faire traduire ses discours virulents , et oui ils sont en espagnol !
Un chercheur spécialiste des rêves , son amie Jeanne vont l’aider dans cette enquête qui va les conduire jusqu’ en Andalousie, au royaume des inégalités, des secrets bien gardés
L’auteure nous propose une aventure , drôle , légère, pleine de quiproquos, et c’est avec plaisir que j’ai accompagné la naïve Louise, d’autant que des sujets abordés l'air de rien, ne sont pas si anodins ( le poids de la famille, des conventions familiales, la place des non-dits, …) »
par Isa, du comlec #LTN
Un peu de légèreté et d’humour (noirs)
« Le paradis commence là où meurt le bourgeois »
On connaissait les Hoboes, ces travailleurs nomades qui sillonnaient l’Amérique de la Grande Crise, mais qui se souvient des dizaines de milliers de Vagabonds qui cheminaient sur les routes allemandes au milieu des années 20 ? En 1933, on en dénombrait près de 500 000, auxuqels s’ajoutaient plus de 6 millions de chômeurs…
Le roman graphique de Bea Davies et Patrick Spät retrace de manière sensible et extrêmement bien documentée le parcours de Gregor Gog (1891-1945), jeune idéaliste de la trempe d’un Ben Traven ou d’un Jack London, qui après quelques années sur les routes allemandes, décréta la « Greve générale à vie » de ses compagnons vagabonds et organisa à Stuttgart la première rencontre de sa Confrérie qui défraya la chronique.
Avec ses compagnons de route, Jo Mihaly et Hansbrock, Gregor Gog consacrera les plus belles années de sa vie à organiser les laissés pour compte de la crise économique en Allemagne. Proche d’Erich Muhsam, il travaillera d’arrache-pied à la mise en œuvre concrète de la plus belle des utopies et avait saisi avant tout le monde le danger d’une idéologie totalitaire qui cherchait à s’appuyer sur le lumpenproletariat pour parvenir à ses fins...
Cette page d’histoire méconnue se termina de manière tragique pour ces milliers de vagabonds avec l’arrivée au pouvoir des nazis. Elle est relatée ici avec force détails est ici et remise en avant demanière magistrale par les auteurs, comme dans un de ces romans noirs pétris de critique sociale…
A découvrir sans plus attendre...
On a tous quelque chose en nous de Maggie Terry...
[Des polars pour l’été] Rien de tel que l’été pour découvrir de nouveaux horizons littéraires…
GROS COUP DE COEUR pour #MaggieTerry de Sarah Schulman publié en mai aux @editionsinculte. Un retour magistral de cette autrice phare de la littérature #queer new-yorkaise dont ont on avait déjà adoré « Après Dolores » réédité chez les mêmes en 2017…
Maggie Terry est une femme à la dérive. Fraîchement sortie de désintox (après quelques années d’isolement), cette ex-flique vient d’être recrutée comme assistante détective dans un cabinet renommé où elle peine à trouver ses marques. Obnubilée par la mort de son ex coéquipier et par la séparation forcée forcée avec son ex-compagne qui la prive de sa petite fille, Maggie fréquente assidûment les réunions des Alcooliques et Narcotiques Anonymes et essaye d’avancer à grand peine dans un monde qu’elle ne comprend pas et dans une ville qu’elle ne reconnait plus…
Avec en toile de fond la victoire encore fraîche (et angoissante) de l’agent Orange (i.e. Donald Trump qui en prend régulièrement pour son grade ) et la gentrification du quartier de Chelsea, à Manhattan Ouest, où les commerces traditionnels dés émigrés allemands disparaissent les uns après les autres sous les coups de la spéculation immobilière, ce roman de Sarah Schulman est une petite pétite sensible et acérée dans lequel on se plongera avec délice, et dont les personnages nous habiteront longtemps...
Roman d’enquête assez traditionnel, mais rudement bien mené (Maggie est engagée pour résoudre le mystère qui entoure le meurtre de Jamie Wagner, actrice de second rôle retrouvée étranglée à son domicile), #MaggieTerry est aussi un roman d’époque et d’ambiance dans lequel on se plongera avec fascination et délice.
Comme dans les romans de Paul Auster (adaptés par Wayne Wang), on apprécie sans retenue ces ambiances urbaines qui collent à la peau de Maggie et qui nous permettent d’entrevoir la réalité crue et fascinante de New-York, et de ses ombres d’humanité qui la peuplent et s’y débattent, loin, très loin des clichés de la ville monde et tentaculaire, mais si proche de nous en vérité…
Et c’est bien pour cela qu’il faut s’empresser de lire ce petit chef d’oeuvre...