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Au Diable Vauvert

25,00
Conseillé par (Libraire)
23 avril 2016

God save Maggie

Renton est un étudiant de fac brillant, promis à un bel avenir s’il le veut. Il a des rêves de voyage en Europe et parvient à s’échapper de son quotidien pour éviter de penser à son petit frère lourdement handicapé. Sick Boy est un garçon intelligent, trop même. Ses jours sont rythmés par un apprentissage méthodique de nouveaux mots qu’il utilise comme des armes auprès de la gent féminine qui ne lui résiste jamais. Spud est déjà le faiblard maladif qui subit la vie, né pour suivre et geindre. Quant à Begbie, c’est Begbie. Un psychopathe gavé à la violence. Mais le chômage s’installe à l'arrivée de Thatcher et avec elle les grèves violemment brisées, puis la résignation, l’ennui, le manque d’argent et enfin la drogue. Ou comment le détournement lucratif d’un produit pharmaceutique « made in Scotland » fauche de plein fouet des destins brillants, sans pardonner à personne. Et en refilant le Sida au passage.

Une critique d’une simple centaine de mots ne peut pas retranscrire la dimension absolument phénoménale qu’a « Skagboys ». Si « Trainspotting » et « Porno » portaient vraiment sur l’addiction et la façon dont on vit avec, celui-ci est, lui, le roman de la plongée. Les personnages se persuadent qu’ils peuvent décrocher quand ils veulent, ou que la désintoxication n’est faite que pour se remettre à zéro et pouvoir replonger en contrôlant les doses, pour ne pas finir junkies. Le plus terrible dans l’écriture de Welsh, c’est tout ce qu’on peut lire à travers, que ce soient les conséquences de la politique d’austérité ou le déni le plus complet du toxico.Mais rassurez-vous, ça reste quand même sacrément drôle. C’est le cynisme qui fait ça. « Skagboys » est suffisamment bourré de scènes burlesques à l’extrême qui donneraient presque envie de participer, juste pour les fous rires insouciants. Welsh sait comment introduire de l’humour décapant dans une trame horriblement sombre, jusqu’à ce qu’on ne retienne que le plus agréable avant de nous faire gifler d’un coup sec pour retourner à la réalité. Et puis ils sont tous touchants, à leur façon. Tellement touchants que ce n’est pas qu’ils ont des excuses, c'est nous qui leur en trouvons.