Florian S.

http://etmonculcestdupolar.weebly.com/

19,90
Conseillé par (Libraire)
28 octobre 2015

Braquage à la belge

Concerto pour quatre mains commence par trois récits croisés. D’un côté, le casse du siècle. Huit hommes cagoulés qui sortent de deux véhicules au pied d’un avion, alors que celui-ci s’apprête à recevoir une cargaison de la Brink’s. Ils menacent les convoyeurs et emportent tous les colis contenant 300 millions de dollars de diamants bruts en moins de trois minutes, sans aucun coup de feu. D’un autre côté, Jean Villemont, avocat belge chargé de défendre un homme qui refuse son aide, arrêté suite à un hold-up de bureau de poste vraiment très étrange. Enfin, Franck Jammet, son histoire, le récit de vie d’un immense génie du braquage ayant décidé de sa carrière le jour où, à onze ans, il manqua une opportunité de rafler un billet de 5 000 francs belges. De là, l’escalade du plus grand cerveau du crime organisé de tous les temps, toujours sans violence, simplement du braquage à haut risque orchestré d’une main de maître.

Et voilà bien les deux ressorts narratifs qui empêchent d’aller dormir dès lors qu'on débute ce roman : la quête de vérité de Jean Villemont et le récit incroyablement palpitant de la vie de Jammet, ponctués de plans millimétrés pour dépouiller de plus en plus de monde, à des niveaux de plus en plus spectaculaires. Ce livre est un véritable mode d’emploi pour braqueurs amateurs, à moins que ce soient le sens du rythme et le style punchy de Colize qui nous feraient avaler n’importe quoi. Les personnages sont touchants, rêvent simplement, vivent avec force. L’art de Colize. Le roman à cent à l’heure maîtrisé jusqu’au point final.

Éditions Gallmeister

17,50
Conseillé par (Libraire)
17 octobre 2015

un roman noir dingue

Ce qui fait l’essence de ce roman, ce sont ses deux personnages principaux. Boo et Junior, c’est un mélange savant du bon et du mauvais, finalement. La force brute au service de la justice. Ils aiment bien cogner, ils aiment beaucoup cogner mais pas sans raison, et c’est ce qui fait qu’ils en sont là aujourd’hui, d’ailleurs. Et ce côté obscur qui leur va si bien… C’est un peu plus difficile à dire pour Junior puisque c’est Boo le narrateur, mais ce qu’on lit entre les lignes fait un peu peur. Son passé, en fait. On en a des flashes au prologue, on en a de vagues indications à droite et à gauche quand il parle de ses cicatrices ou qu’on le sent prêt à tuer pour avoir des informations sur une certaine Emily. Rien de bon.
Il y a des rebondissements qui nous réjouissent, d’autres qui nous mettent instantanément mal à l’aise, et sûr que la conclusion ne sera jamais celle à laquelle on s’attendait. Si on s’attendait à ce qu’il y en ait une, bien sûr, puisque – vous verrez – Cassandra nous donne parfois le sentiment que l’histoire est finie. Et c’est quand on se détend et qu’on se demande comment il peut rester une centaine de pages après ça qu’on angoisse et qu’on jubile. C’est donc comme ça qu’au fur et à mesure, le roman se tord de plus en plus, devient de plus en plus complexe, tout ça pour illustrer une descente aux enfers progressive de tous nos personnages. Une sale descente.

Ombres Noires

21,00
Conseillé par (Libraire)
17 octobre 2015

No guts, no glory

Les Infâmes est l’histoire de Freedom Oliver, une femme approchant la quarantaine, belle rousse couverte de tatouages, adepte du jean/rangers, qui passe ses jours et une partie de ses nuits à bosser comme serveuse au Whammy Bar, le genre de bar rock où affluent les clubs de bikers et rockeurs paumés en tout genre. Freedom est alcoolique au dernier degré. Et suicidaire, comme le prouve sa « tirelire à suicide », gros bocal dans lequel elle épargne lentement les médicaments qu’elle est censée prendre. Elle boit, toujours, tout le temps, jusqu’à se faire récupérer par les deux mêmes flics qui la recouchent quand ils le peuvent. Pourquoi ces égards ? Parce que Freedom ne s’appelle pas Freedom. Elle est bénéficiaire du programme de protection des témoins suite à son procès pour le meurtre de son mari, un flic, qu’elle a fini par gagner après quelques années de prison. Beau tableau qui lui vaut la méfiance et les insultes de tout le monde chez elle, et surtout des shérifs. Superbe tableau quand on comprend que Freedom a perdu ses deux enfants, retirés juste avant le procès et confiés à une famille religieuse du Kentucky, un fils et une fille qu’elle n’a tenue dans ses bras que deux minutes et dix-sept secondes. La totale. Un jour, Freedom tape le nom de ses enfants sur Google, c’est ce qu’elle fait pour les suivre et avoir de leurs nouvelles. C’est là qu’elle apprend : sa fille Rebekah a disparu.

Il y a tout pour que ça marche, l’écriture est superbe, on est tout de suite happé par le personnage, on se met à sa misérable place et on a envie de surveiller ses arrières quand elle part en croisade. D'autant que par son langage, sa ténacité, sa condition, Freedom est un personnage qui a du potentiel pour ce genre d’histoire, celle dans laquelle une femme part chercher quelqu’un d’autre, sa fille en l’occurrence, quand quelqu’un est après elle. On admire, c'est tout. Et on attend impatiemment les prochains romans de cette plume à suivre absolument !

1

Spencern+Rossmor

Les Humanoïdes Associés

Conseillé par (Libraire)
4 septembre 2015

Un espoir qui fait froid dans le dos

Bedlam est l’histoire de Madder Red, un tueur en série psychopathe à mi-chemin entre l’humour schizophrénique de Deadpool et le sadisme du Joker, qui n’hésite pas à y aller franco, y compris avec des centaines d’enfants, juste pour répandre le chaos dans la ville de Bedlam. Alors qu’il est à l’apogée de son crime et qu’il réalise son coup de maître, il est déclaré mort par les autorités après l’explosion de la salle d’interrogatoire dans laquelle il se trouvait. En fait, il est ailleurs, capturé par un médecin aux intentions bienveillantes, certes, si on regarde de loin, mais qui fait quand même gravement flipper surtout si on se demande pourquoi et qui lui a demandé de soigner Madder Red. Mais il y arrive. Et lorsque Fillmore Press, le vrai visage de Madder Red, revient à la vie civile, il ne demande qu’à s’amender, sur les conseils de son médecin. La seule chose qui lui vient à l’esprit est de mettre ses compétences « spéciales » au profit de la police. Ce qui tombe bien, la ville est en train de subir une vague de meurtres sans précédent. Enfin… sans autre précédent que celui de Madder Red, bien sûr.

En renfort d'un scénario aussi génial, un dessin au moins aussi dérangeant et étrangement addictif que l’histoire elle-même. Le trait est acéré, violent, saccadé, nerveux, c’est sale et c’est beau. Les personnages sont maladifs à souhaits et Fillmore sans son masque a une tête de junkie dérivant entre deux squats. Sans parler du choix méticuleux des couleurs, alternant entre le beige/marron des évènements présents et les nuances de gris du passé, sublimées par des touches de rouge éclatant. Tout est bon dans Bedlam. Ou plutôt l'inverse, et c'est tant mieux.

Conseillé par (Libraire)
4 septembre 2015

Lucha libre, nazisme et Walt Disney

Fin 1935. Augusto Solís, un artiste mexicain réalisant des affiches pour le cinéma ou pour des combats de lucha libre envoie une lettre en date du 23 octobre à une actrice allemande, résidant alors en France, du nom de Loreleï. Les deux sortent d’une idylle de plusieurs mois et, face à l’absence de réponse à ses lettres, Solís lui ouvre d’autant plus son cœur. Contre toute attente, la réponse émane d’un parisien appelé Jules Daumier, qui vient d’emménager avec sa mère dans l’appartement de la Loreleï en question, et s’excuse que sa lettre n’ait pas atteint son but. Aussitôt, les deux inconnus se lient d’amitié et trouvent une quête commune : retrouver Loreleï. Daumier enquête à Paris pendant que Solís tâche de lui expliquer qui elle est et de relier les pièces du puzzle. Car rien de ce que Daumier lui raconte ne correspond à la vision de sa Loreleï, elle qui disparaît quelques semaines pour ensuite s’exhiber au Vel’ d’Hiv au bras d’un officier du renseignement nazi, elle qui a changé de couleur de cheveux, elle qui recevait à la nuit tombée la visite de femmes déguisées en hommes dans son appartement… L’enquête menée par les deux amateurs fera écho aux évènements majeurs à l’aube de la Seconde guerre mondiale, à travers deux continents et deux cultures différentes, et influera considérablement sur leurs vies à un point qu’ils n’auraient pas pu envisager.

Bien plus qu'un roman d'aventure d'une remarquable qualité, Monarques prend des airs de véritable polar historique entraînant, mêlant fiction et évènements réels comme la rafle du Vel' d'Hiv', l'odyssée de la création de Blanche-Neige et les sept nains et même sa tentative de récupération par la propagande nazie. Il est aussi une formidable réflexion sur la mémoire, et les traces laissées par nos ancêtres dans nos propres vies. C'est beau.