Comme toujours avec Ellroy, c’est un crime que de devoir résumer un roman-fleuve aussi complexe et intense. "Perfidia", premier tome d’un nouveau "Quatuor de Los Angeles" précédant l’ancien, sert de préquelle au Dalhia noir et à ce qui s’en suit, on y retrouve Bleichert, Blanchard, Kay, Dudley et les autres, on retrouve l’ambiance, l’alcool, la corruption, les prostituées, les manipulations, les trahisons, les désespoirs, l’humanité qui n’en est plus. A ceci près que le cadre a tout pour nous mettre face à notre potentiel d’autodestruction. Nous sommes en décembre 1941, et les japonais viennent de bombarder Pearl Harbour. Ebullition, galvanisation, mobilisation, rixes à Little Tokyo, matraquage, haine collective et dans tout ça un meurtre, celui d’une famille japonaise, que l’on a aidée à se faire seppuku la veille du terrible évènement national. Parmi les enquêteurs, Hideo, japonais, tente de survivre à sa condition de paria malgré lui pour prouver qu’il est indispensable au LAPD.

Ellroy est un monstre littéraire à bien des niveaux, créant une intrigue multiple et complexe qui en plus, recoupe les informations du déjà très dense "Quatuor de Los Angeles" originel. C’est surtout un génie de la narration qui nous angoisse grâce à son style haché qui fait d’un roman de cette taille un page-turner que l’on regrette de ne pouvoir lire encore plus vite. Mais on ne le dira jamais assez, il n’y a pas de mots suffisamment forts pour décrire "Perfidia" d’Ellroy.

C'était l'ennui qui avait poussé le procureur Théodore Szacki à enquêter sur le meurtre d'un patient de thérapie de groupe, jusqu'à toucher aux affaires de l'ancienne police secrète communiste, il y a quelques mois. C'est l'ennui qui le poussera encore à enquêter sur une nouvelle affaire providentielle pour lui : un meurtre d'une juive devant une synagogue, suivi de celui de son mari. Les scènes de crime ont tout d'un rite sacrificiel juif, et Szacki y retrouve d'étranges nombres à la mystique vraisemblablement religieuse.

Une fois encore, ce qui pourrait n'être qu'une enquête de plus dans la vie du procureur Szacki va permettre à Zygmunt Miloszewski d'aller au-delà de l'intrigue et nous offrir une leçon d'histoire non-officielle de la Pologne. Finies les anciennes manipulations de la police secrète du Bloc de l'Est, c'est au tour des vieilles exactions antisémites qui agitèrent le pays par le passé de refaire surface. La plume sèche de Miloszewski intensifie cette atmosphère glaciale de terreur collective, la résolution de l'enquête semble être le seul moyen d'apaiser une population qui craint le retour à cette sombre part de son histoire.

Il avait tout. L'argent, le sexe, la drogue, les nuits interminables. Il était le roi du monde. Il était trader. Mais les années 80 sont loin derrière lui, et le temps n'est plus aux gains quotidiens de plusieurs centaines de milliers de dollars en claquant des doigts.

Un licenciement et une cure de désintoxication plus tard, il est seul. Aujourd'hui, il visite des appartements qu'ils ne peut pas acheter, cherche des souvenirs qu'il ne retrouvera pas, attend les appels d'un enfant qu'il n'a jamais eu.

Entre évocation de vieux souvenirs au faste monstrueux et récit d'une vie d'errance et de solitude, La Chute des princes est un roman d'une beauté remarquable accrue par tant de mélancolie. Ce n'est pas noir, c'est infiniment poétique.

On les attendait, les revoilà plus en forme que jamais ! Les anarchistes décadents de la bande à Pierrot posent leurs valisent à Paris, dans l'un des quartiers généraux du comité "Ni yeux ni maitre". En forme... pas tous. Après avoir reçu par la poste un colis rempli de centaines de milliers d'euros en grosses coupures et une carte signée Ann Bonny, Pierrot sombre dans la dépression : il s'agit de son ancien amour de jeunesse qu'il croyait morte. Il pourra compter sur Mimile et les autres pour lui redonner goût à la vie et aux actions militantes.

Un deuxième tome encore plus hilarant que le premier, à base "d'attentats gériatriques", de révoltes anti-boulangeries et de sabotages de meetings de Jean-François Copé. Sans oublier cette mélancolie si propre à Pierrot et ses camarades. Une franche réussite !

Une petite fille qui vole l'argent des distributeurs automatiques de boissons...
Un homme au restaurant toujours vide, payé par des fonds de la mafia...
Une rencontre aussi fortuite qu'explosive, véritable déclencheur d'une course-poursuite impliquant yakusas, journalistes et policiers à travers la ville endormie de Shioguni.

Une bande dessinée Made in France, aux visuels japonisants, un bijou d'esthétisme et de narration !