L'Autre Monde L.

Conseillé par (Libraire)
16 avril 2016

Panem et circenses

Dans un monde différent du notre, des adolescents orphelins dépérissent dans un pensionnat qui ressemble davantage à une prison, et où tout est fait pour ne surtout pas les rendre heureux. Lors d'une rare sortie autorisée chez leur consolante, sorte de mère de substitution, Helen et Milena rencontrent deux garçons de leur âge, Milos et Bart, condamnés au même sort misérable qu'elles. Ensemble, ils vont bientôt découvrir la véritable raison pour laquelle leurs parents ont disparu : ils ont été éliminés pour s'être opposés à la Phalange, l'organisation gouvernementale qui régit aujourd'hui leur quotidien. Ils décident alors de s'enfuir pour reprendre le combat mené par leurs aînés ; en effet, la peur et le danger peuvent-ils être pires que l'existence qu'ils ont dû mener jusqu'ici ?
Jean-Claude Mourlevat, avec Le Combat d'Hiver, invente un univers foisonnant, teinté de fantastique, qui défie l'imagination, et comme dans tous ses romans, totalement inédit. Il réussit à dépeindre des héros attachants et confondants de justesse, dont on ne peut que se sentir proche. Mais surtout, la grande force de ce roman, c'est qu'il fait vivre des moments de grâce à son lecteur, à travers le bleu artificiel d'un bout de ciel que l'on peut deviner au plafond d'une cellule, dans les chansons de Milena, dont la voix est exceptionnelle, et dans tous ces détails qui sont comme une note d'espoir au cœur d'un monde où celui-ci semble impossible. Jean-Claude Mourlevat arrive à susciter l'émotion au cœur de la barbarie, à faire émerger la vie dans un environnement mortifère, ou tout simplement à nous faire frissonner rien qu'en décrivant la neige. Le Combat d'Hiver est une ôde à la jeunesse, à l'amour, à l'amitié et surtout à la liberté, dont il parvient à donner le goût à ceux qui ne l'ont jamais connue. C'est un roman dans lequel l'imagination est mise à l'honneur, et grâce à laquelle les rêves deviennent accessibles.

14,90
Conseillé par (Libraire)
16 avril 2016

Ce matin, un lapin...

Pablo Dupoildepinceau, peintre et jardinier à ses heures perdues, ayant planté tout l'été, se trouve fort dépourvu... quand il réalise qu'un lapin a pris ses quartiers dans son potager, et qu'il en profite pour grignoter ses provisions de légumes. Mais malgré ses efforts, plus il cherche à chasser l'intrus, plus celui-ci se sent à son aise. Notre peintre redouble alors de stratagèmes pour sauver son jardin, déversant ses poubelles ou inondant le terrier de l'indésirable...
Maintenant, retournez le livre, et préparez-vous à découvrir une toute autre histoire. Le rongeur Lapin Toutcourt échoue par hasard dans un jardin qu'il finit par trouver tout à fait à son goût, au point de décider d'y creuser son nouvel habitat. Cela tombe bien, le jardinier semble très hospitalier, pourvoyant meubles et piscine pour le logement, sans compter la nourriture très appréciable. Il se sent comme un invité, mais a-t-il bien compris l'intention de son hôte ?
Outre les illustrations inspirées et foisonnantes de Béatrice Rodriguez (qui nous avait déjà régalés dans le style animalier avec la série du Voleur de poule, dans la collection des Histoires sans Paroles chez Autrement), et qui donnent du relief au texte drolatique de Marie Nimier, ce qui fait l'originalité de l'album Au bonheur des lapins, c'est bien sûr sa forme. En effet, la surprise, ici, c'est de découvrir dans un seul livre deux albums, deux héros, deux versions de l'histoire, et une double page pour un dénouement – heureux évidemment.
L'histoire est tendre, et on se prend aisément d'affection, tant pour le lapin que pour le peintre, dans cette guerre de territoire qui se transforme rapidement en une escalade de malentendus. Chaque point de vue apporte son lot de rebondissements, à l'image des obstacles imaginés par Pablo, toujours tournés en dérision par le lapin malicieux, faisant de cet album un petit bijou d'humour... à dévorer par les deux bouts !

Au Diable Vauvert

12,50
Conseillé par (Libraire)
16 avril 2016

Got milk ?

Par malheur, un matin, sur la table du petit-déjeuner, c'est le drame : il n'y a plus de lait. S'il n'en manquait que pour les céréales de enfants, on pourrait encore faire sans, mais pas de lait dans le thé du papa, ça, c'est impensable ! Voici donc ledit papa en route pour l'épicerie salvatrice. Après ce qui semble des heures – que dis-je, des siècles ! – il est enfin de retour. Ses enfants lui demandent ce qui l'a tant retardé, c'est alors qu'il leur raconte la plus absurde des aventures...
Par bonheur, Neil Gaiman est le roi du loufoque, du fantastique un peu déjanté sur les bords, si bien qu'il n'est pas étonnant de croiser un dinosaure inventeur au détour d'un saut dans l'espace temps. Pas étonnant, mais toujours jubilatoire. Et par bonheur, le lait était bien dissimulé dans la veste du papa. Celui-ci invente son épopée au fur et à mesure du récit, empruntant aux objets qui l'entourent pour nourrir son histoire, ajoutant même des détails – et des poneys – à la demande. Le mélange est explosif et réussi. Sans réfléchir, on se laisse emporter au gré des rebondissements, tous plus extraordinaires les uns que les autres, qui ponctuent l'aventure. Et la preuve que cette histoire est réelle ? C'est que le lait est là, ce matin, sur la table du petit-déjeuner, bien sûr !
Par bonheur, c'est un roman illustré ; car on ne peut décemment pas parler de ce livre sans mentionner l'illustration, toute aussi importante que le texte. Boulet, plus connu dans l'univers de la bande-dessinée qu'en littérature jeunesse, nous montre ici qu'il a plus d'une corde à son arc, et apporte une touche de folie supplémentaire à cette œuvre déjà peu ordinaire. Il donne vie à la galerie de personnages qui peuplent le récit, et aux scènes insensées que l'on aurait peut-être eu du mal à imaginer sans lui.
Une belle collaboration pour un petit-déjeuner qui ne s'est jamais autant mérité !

50 recettes pour comprendre ses leçons en cuisinant

Thierry Magnier

21,50
Conseillé par (Libraire)
16 avril 2016

Chaud devant !

Qui ne s'est jamais posé la question : « à quoi ça va me servir dans la vie ? » devant un cours particulièrement ardu à retenir, ou un exercice à la solution impossible à trouver ? Seymourina Cruse, Aurélie Caudron et Matthias Malingrëy nous répondent aujourd'hui : à faire la cuisine !
Découvrez des recettes pas bêtes du tout qui vous aideront à revoir vos leçons avec gourmandise, et surtout, en vous amusant. Révisez vos mathématiques en résolvant un problème arithmétique pour obtenir le bon dosage d'ingrédients, réalisez vos travaux d'arts plastiques directement dans l'assiette en vous inspirant des œuvres des plus grands peintres, transformez votre cuisine en laboratoire avec des recettes dignes d'un chimiste accompli : vous l'aurez compris, toutes les matières vont passer, comme promis, à la casserole, pour vous ouvrir l'appétit, physique comme intellectuel.
Pas de panique pour ceux qui n'auraient pas été suffisamment attentifs en classe, avant la recette, les auteurs vous proposent un petit rappel de la leçon qui vous sera nécessaire pour réaliser le plat. Rien à voir avec un manuel scolaire cependant : L'école à la casserole se veut ludique avant tout. Et pour les plus inquiets, vous avez même les solutions à la fin du livre ; vous pourrez toujours ré-essayer l'exercice plus tard, car c'est bien connu, on travaille mieux l'estomac plein !
Aucun risque d'indigestion n'est donc à prévoir. Grâce à une mise en scène originale, ces recettes vont faire travailler vos petites mains et votre matière grise, sans en avoir l'air. Les leçons comme les techniques sont adaptées au programme de l'école primaire, pour stimuler ceux qui en sortent autant que ceux qui auraient envie de retomber en enfance, mais qui régaleront les gourmands tous âges confondus. Et qui sait, au final, ce n'est peut-être pas l'école qui va vous aider à cuisiner, mais la cuisine qui va vous aider à réussir à l'école.

Conseillé par (Libraire)
16 avril 2016

La variante chilienne des poupées russes

Après la Fractale des Raviolis, exercice littéraire aussi original que bien exécuté, on attendait Pierre Raufast au tournant pour son deuxième roman, et le pari est réussi ! De son premier roman, on retrouve le meilleur : des anecdotes, qui, malgré leur diversité, s'enchaînent avec une efficacité redoutable, et surtout, le caractère hautement jubilatoire de ces histoires. C'est en effet une des constantes de Pierre Raufast : il a une capacité incroyable à inventer des récits absurdes mais géniaux, revisitant l'Histoire de Jeanne d'Arc à Jorge Luis Borgès, soulevant les questionnements les plus saugrenus, sans jamais tomber dans la caricature.
On commence l'histoire avec Pascal, professeur de philosophie vieillissant, accompagné de Margaux, adolescente hantée par un passé récent. Ils aspirent désormais au calme, mais leur semblant de tranquillité va bientôt être ébranlé par leur rencontre avec Florin. Privé de ses émotions et des souvenirs liées à celles-ci, Florin collectionne les cailloux, témoins tactiles de sa mémoire perdue. Leur seul toucher lui permet de se rappeler avec exactitude les instants qui auraient dû le marquer naturellement. Et il les raconte comme des faits divers, aucune émotion ne transparaît jamais, tandis que nous, lecteurs, sommes, au contraire, animés par un flot de sentiments multiples, passant du dégoût, lorsque l'on rencontre des fossoyeurs aux pratiques douteuses, à l'adrénaline d'une partie de cartes qui n'en finit plus.
Pierre Raufast, en véritable conteur moderne, a le don de réinventer un univers que l'on croyait connaître par cœur, de faire de détails du quotidien des éléments de découverte constante, de la même manière qu'il transforme Pac-Man en quête existentielle. Et il nous offre même une philosophie de vie à travers ses personnages, en restant toujours d'un optimisme à toute épreuve, faisant de La variante chilienne une nouvelle perle de fantaisie, un petit bijou de bonne humeur, qui surgit parmi les autres romans comme le premier rayon de soleil après une décennie entière de pluie.