Salut à la Russie
EAN13
9782914945080
ISBN
978-2-914945-08-0
Éditeur
PREAU COLLINES
Date de publication
Nombre de pages
80
Dimensions
20 x 12 cm
Poids
130 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Salut à la Russie

De

Préface de

Preau Collines

Offres

Sous le pseudonyme de Jean Mahan, A. Cohen fit paraître ce texte à Londres en 1942 dans la revue La France libre. Non sans utiliser l'humour, voire la caricature, il y dénonce le nazisme, appuie l'Angleterre et la Russie dans leur combat, apporte son soutien aux Français et adresse un salut au peuple russe. En filigrane apparaissent les thèmes récurrents de son œuvre.Cette déléguée parle avec une conviction ridicule, très grande et très sainte. Consciente de la majestueuse force qu’elle représente ici, cette bonne grosse rigole fort peu. Elle clame des pauvretés que sa conviction enrichit et lustre. Elle ne se préoccupe pas de plaire ou de prouver qu’elle est intelligente... Comme les prophètes, elle se répète et rabâche. Ce que cette Russe annonce, c’est aussi toujours la même chose et c’est soudain si neuf et si bouleversant que je n’ai plus derrière les yeux ce sourire d’ironie que je déteste. Et mon admirable bonne femme finit en disant que Hitler est condamné à mort par la Russie.IVingt-deux juin de l’an dernier. S’ébranle le monstre allemand, entouré de fumées grasses, le monstre d’acier et de moteurs que recouvre le tumulte ordonné des avions assassins. Durant les cinq semaines qui suivent, le haut monstre de fer ne cesse de rire à gorge déployée, ivre de sa réussite. Ses armées connaissent les victoires ensoleillées. Tout explose, tombe et se fracasse sur leur passage rapide. Elles avancent et la Pologne est à elles et la Lettonie et l’Esthonie et la Russie Blanche. Les tanks russes périssent par milliers, flambants, éclatés, puis morts et étendus. Le monstre de fer qui a l’aspect du gorille les regarde, se frappe préhistoriquement la poitrine et rit, criant au ciel qu’il est le plus fort. En vérité, je suis élu et très grand, se glorifie le monstre aux quatre-vingts millions d’yeux qui sont des grenades. Il ne craint pas Dieu et il ose furieu-sement baragouiner, en poursuivant ses larges enjambées, qu’il est le chemin, la vérité et la vie. Il rit sur les montagnes qu’il a accumulées, de cadavres, de munitions, de camions, de canons et de tanks. Et pour se congratuler, le monstre, en ses haltes, s’offre le dessert de faire du mal inutile, de brûler vifs des corps coupables de fidélité ou d’ôter de leurs cavités des yeux qui hier étaient rêveurs ou tendres ou curieusement mobiles.
S'identifier pour envoyer des commentaires.