Le Domaine Pouchkine
EAN13
9782889600755
Éditeur
La Baconnière
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
russe
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Le Domaine Pouchkine

La Baconnière

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Jeune, fauché et noceur, le narrateur décide de se ranger en devenant, un été,
guide au Domaine Pouchkine à Pskov, laissant femme et enfant à Leningrad. Pour
obtenir le poste, il est sommé de discourir sur son amour de la poésie de
Pouchkine, monument national littéraire, mais il est en réalité embauché parce
que le Domaine manque de personnel masculin. Le Domaine Pouchkine est la
maison-musée, créée en 1922 sur le domaine familial à Pskov, à quelques heures
au sud de Leningrad, d'Alexandre Pouchkine. C'est à la fois un musée
littéraire et une réserve naturelle d'Etat. Sa femme profite de son
éloignement pour prépaper son imigration en Amérique avec leur fille, en
passant par Israël, alors seule porte de sortie de l'URSS; Pressé de partir
avec elles, le narrateur, malgré son désespoir, oppose un refus catégorique de
s'éloigner de son pays et de sa langue qui, dit-il, fait quatre-vingt pour
cent de sa personnalité. Le Domaine Pouchkine est le récit de cet été
déchirant, entre une réalité soviétique difficile et désepérante et une
perspective d'émigration anihilante. Sur fond de vodka, l'amertume et le
pessimisme du narrateur sont cependant, comme toujours chez Dovlatov, traités
avec humour. Pour rendre l'absurdité de la vie, il utilise brillamment
l'autodérision et l'ironie. Le texte navigue alors entre des répliques
hilarantes et des scènes poignantes. Observateur hors pair du quotidien et
conteur royal, Dovaltov narre cet été de travail au Domaine Pouchkine dans la
Russie de Brejnev où la vodka coule à flot et les familles se déchirent face
au choix radical de l'exil. Sergueï Dovlatov, qui a transformé sa propre
biographie en œuvre littéraire, est né le 22 juin 1941 à Oufa, en république
de Bachkirie, d’un père régisseur de théâtre d’origine juive et d’une mère
correctrice d’origine arménienne. En 1944, il regagne avec ses parents
Leningrad, d’où la famille avait été évacuée. Après ses études secondaires, il
travaille quelque temps dans une imprimerie avant d’intégrer la faculté de
lettres de l’université de Léningrad où il étudie deux ans et demi. Durant
cette période, il fréquente les poètes non officiels, notamment Joseph
Brodsky, Evgueni Reïn et Anatoli Naïman, et se marie une première fois (avec
Assia Pekourovskaïa, avec qui il a une fille, Maria, en 1970, alors qu’ils
sont déjà divorcés). Suite à son exclusion de l’université, il est appelé sous
les drapeaux et se retrouve pendant trois ans (1962-1965) gardien d’un camp de
détenus de droit commun situé en république des Komis. Il revient avec dans
ses bagages le brouillon de La Zone qui aborde le thème des camps d’une
manière totalement nouvelle et qui est, bien évidemment, totalement
impubliable sous le régime soviétique. Dovlatov reprend des études à
l’université, cette fois en faculté de journalisme. Il travaille au journal
étudiant de l’université maritime et se rapproche du groupe littéraire des
Citadins fondé par les écrivains Maramzine, Efimov, Vakhtine et Goubine. Il
devient le secrétaire de l’écrivaine Vera Panova. Il se remarie en 1969 avec
Elena (dont il a deux enfants, une fille, Katerina, née en 1966 et un fils,
Nicolas, né en 1984). Il parvient à publier des articles, mais ses nouvelles
sont systématiquement refusées par les revues. En 1972, il part vivre en
Estonie où il travaille pour les journaux Estonie soviétique et Tallinn soir.
Un recueil de ses nouvelles est enfin sur le point d’être publié, mais il est
interdit juste avant sa parution par le KGB d’Estonie. En 1975, Dovlatov
revient à Leningrad. Il intègre la rédaction de la revue Feu de bois, destinée
à la jeunesse, puis devient guide au musée Pouchkine de Mikhaïlovskoe qu’il
décrit dans Le Domaine Pouchkine. À cette époque, séparé de sa seconde épouse,
il vit avec Tamara Zibounova et leur fille Alexandra, née en 1975. Il les
quitte par la suite et se réconcilie avec Elena. Presque toutes ses tentatives
de publier ses œuvres littéraires se soldent par des échecs qu’il relate dans
Le livre invisible. Seules quelques nouvelles soigneusement expurgées et auto-
censurées voient le jour en URSS. Son œuvre est diffusée en samizdat et
publiée à l’étranger dans les revues émigrées Continent et Le temps et nous.
Ce qui lui vaut en 1976 d’être exclu de l’union des journalistes soviétiques.
En 1978, confronté aux persécutions et à l’impossibilité de publier, il émigre
et s’installe bientôt à New York avec sa femme Elena et sa fille Katerina,
parties avant lui. Il y fonde en 1980 avec des amis un journal hebdomadaire de
langue russe Le nouvel Américain qui ne survivra que jusqu’en 1983. Cette
aventure lui fait perdre ses illusions sur le rêve américain et lui inspire Le
journal invisible. Il collabore avec radio-Liberty, très écoutée en Union
soviétique malgré le brouillage. Ses livres voient enfin le jour (douze livres
publiés en douze années d’émigration) et ont du succès auprès des lecteurs
émigrés, puis auprès d’un public anglophone suite à ses publications dans le
New Yorker. Sergueï Dovlatov, qui a toujours brûlé la vie par les deux bouts,
meurt le 24 août 1990 à New York d’une insuffisance cardiaque, alors que ses
œuvres sont enfin sur le point d’être publiées dans son pays. Le Domaine
Pouchkine est édité à Léningrad l’année de sa mort, suivi en 1991 par La Zone
et Le Compromis, puis par une édition en trois volumes en 1995. Depuis les
œuvres de Dovlatov paraissent régulièrement en Russie. Il demeure jusqu’à ce
jour l’un des auteurs les plus aimés des Russes. Plusieurs films ont été
tournés d’après ses textes. Des biographies lui sont consacrées, dont celle de
son ami, l’écrivain Valeri Popov, parue en 2010. En 2016, une statue de
Dovlatov a été inaugurée à Saint-Pétersbourg, rue Rubinstein, près de la
maison où il a vécu. La Baconnière va publier l’ensemble de l’œuvre de
Dovlatov en français. Sont déjà parus Le livre invisible, le journal invisible
(2017), La Filiale (2018), La Zone (2019) et La Valise (2021).
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