Depuis les années 2010 et les mouvements d’occupation des places en écho aux
printemps arabes jusqu’aux Gilets jaunes et aux marches pour le climat, les
mobilisations n’ont plus le même visage. Les formes d’engagements pour la
justice sociale et écologique, contre le racisme, le sexisme et pour
l’antispécisme se sont spécialisées et morcelées. Que nous disent les actrices
et acteurs de ces mobilisations de leurs revendications particulières ? du
sens de leur combat ? de leur idée du commun ? de l’émancipation ? Réjane
Sénac a interrogé 124 responsables associatifs ou de collectifs, mais aussi
entrepreneurs sociaux et activistes revendiquant des affiliations plurielles.
Cette enquête qualitative lui permet de dresser un portrait unique des
mobilisations contemporaines. Elle montre que celles-ci se caractérisent par
deux traits principaux : leur radicalité, par les remises en cause qu’elles
portent, et leur fluidité, par le refus de l’enfermement dans un cadre fixe et
définitif. Pour ces militants, les complicités sont éphémères et stratégiques.
À l’horizon, pas de grand soir mais des petits jardins. La transformation de
la société passe par un faire ensemble par temps d’effondrement. Directrice de
recherche CNRS au CEVIPOF, Réjane Sénac enseigne à Sciences Po où elle est
membre du comité de pilotage du programme de recherche et d’enseignement des
savoirs sur le genre - PRESAGE. Elle est notamment l’auteur de L'égalité sans
condition. Osons nous imaginer et être semblables, (Rue de l'échiquier, 2019)
et de Les non-frères au pays de l'égalité, (Presses de Sciences Po, 2017).