Les Eblouissements - Prix Médicis 1987
EAN13
9782021140798
Éditeur
Le Seuil
Date de publication
Collection
Fiction et Cie
Langue
français
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Les Eblouissements - Prix Médicis 1987

Le Seuil

Fiction et Cie

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Gottfried Benn : 1886-1956. Sept moments de la vie d'un poete expressionniste
allemand. Medecin de surcroit. Son premier recueil : Morgue, fait scandale. Ce
sont ses souvenirs de la maison des corps. On retrouve l'auteur en garnison a
Bruxelles, durant la Grande Guerre. Il s'occupe des filles qui contaminent
"patriotiquement" l'armee allemande. Il assiste aussi a une memorable
execution capitale. Il fut temoin de la mort que l'on reçoit, de celle que
l'on donne. Il s'est frotte aux putains cariees de verole. Le plus bas de la
misere humaine. Il decrit ceci et cela, crument, dans des textes hantes par de
noires fulgurances. En marge, il connait aussi l'extase. Mais meme un
visionnaire peut s'aveugler. Lui qui fuyait l'Histoire, il choisit, pour la
rejoindre, la pire des occurrences. Quand la plupart des ecrivains allemands
fuient le nazisme, il choisit de rester, et devient - pour peu de temps - un
compagnon de route de la barbarie... Renie par les emigrants, il sera bientot
proscrit par le nouveau Reich. Il est rejete par tout le monde a la fois. Le
voici censure, reduit pour plus de dix ans au silence. Pourtant, apres la fin
de la seconde guerre, la generation de "l'annee zero" decouvre en lui,
quelquefois, le precurseur des idees qui vont circuler dans l'Occident a
reconstruire. Sa parole circule a nouveau. Mais revient-on jamais tout a fait
d'un voyage au bout du fourvoiement?

Gottfried Benn dans tous ses etats. Poete revolutionnaire, intellectuel
rallie, puis persecute, rehabilite enfin... Medecin des plus demunis, des
disgracies. Amant cannibale, endeuille. Pere absent, aimant. Lui preter une
serie d'interlocuteurs qui traversent pres de trois quarts de siecle
d'existence: un professeur d'anatomie, sa premiere femme, une prostituee, sa
fille, sa derniere compagne.

Pour dire cela: une fiction, bien sur. Rien qu'une fiction. Qui raconte
l'erreur d'une vie, et la vie d'une erreur. Le plus court chemin entre
Histoire et histoire, c'est encore d'imaginer. Le biographe, ici, n'a d'autre
choix que de se faire historien, et le chroniqueur n'a d'autre ressource que
de devenir romancier. Mais le romancier, a son tour, n'a de chance d'y voir
clair que de se decouvrir poete.

Pierre Mertens


*[5e]: Cinquième
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