Bruxelles Noir

Michel Dufranne

Asphalte

  • Conseillé par
    1 juin 2015

    C'était au temps où Bruxelles bruxellait !

    Il y avait bien longtemps que je ne m'étais pas aventuré dans ce genre que j'adore, les recueils de nouvelles noires situées dans la même ville. J'attaque donc aujourd'hui
    «Bruxelles», après moult autres villes.
    Les auteurs présents dans ce recueil sont les suivants : Barbara Abel, Ayerdhal, Émilie de Béco, Paul Colize, Jean-Luc Cornette, Patrick Delperdange, Sarah Doke, Kenan Görgün, Édouard Kosma, Katia Lanero Zamora, Nadine Monfils, Alfredo Noriega et Bob Van Laherhoven.
    De ce panel d'auteurs, je ne connais que Nadine Monfils que je rencontre depuis plusieurs années au festival du Goéland Masqué de Penmarc'h.
    Recueil commençant par une préface dont le titre est « Bruxelles... noir ? Ah non, peut-être ! »
    Trois parties pour ce voyage peu touristique dans cette ville qui, tout en étant très proche de Paris, en est quand même très différente.
    Partie I - Sur (réalisme).
    Partie II - Le fil du rasoir.
    Partie III - Marges de manœuvre.
    En fin d'ouvrage, nous trouvons un glossaire brusselier, une biographie des auteurs et une playlist musicale.
    Le premier récit a pour titre Palais de Justice. Une fraction de seconde nous ramène des années en arrière au moment des tristement faits divers imputés aux : « Tueurs fous du Brabant » dont le bilan fut effroyable ; au total vingt-huit morts et vingt-deux blessés. La plaie reste toujours ouverte en particulier pour Patricia Finné dont le père a été abattu sous ses yeux, et qui continue depuis de rechercher la vérité.
    « Les Marolles. L'autre Guerre de la Marolle » est une histoire très originale mêlant la ville de ce quartier à l'heure actuelle, la décrivant comme assez glauque, sans foi ni loi. Un jeune homme, pour tenter de retrouver « Sa sirène », va rameuter le ban et l'arrière ban des héros du folklore bruxellois à son secours. Pour être inattendu, c'est inattendu.
    « Dédales » est à mon goût la nouvelle la plus accomplie de ce livre. Un Bruxelles apocalyptique, capitale d’une Europe déshumanisée à l’extrême. C’est « 1984 » en malheureusement plus que plausible et dans un avenir pas très lointain.
    À découvrir !
    Un détour rouge sang vers les abattoirs d’Anderlecht, des brutalités policières, une plongée dans un Bruxelles cosmopolite et parfois très sombre !
    Un pseudo américain, amateur de photos, se fait dépouiller par une jeune française qui a découvert que son corps pouvait lui rapporter plus qu’un autre boulot d’étudiante. Un homme est témoin d’un meurtre en descendant du train. Une famille heureuse, sauf qu’un étudiant vient s’installer chez eux ; le père, la mère ou le fils, qui va succomber à son charme ? Tout le monde y laissera des plumes ! Un présentateur télé au temps troublé de l’affaire Dutroux, deux peintres, l’un artiste, l’autre faussaire, l’épouse de l’un couche avec le second… , un jardinier spécialisé dans la culture de plantes illicites, et cela dans les jardins de la famille royale, sont quelques-uns des personnages de ce livre.
    Comme souvent dans ce genre de recueils, certaines nouvelles sont excellentes et d’autres nettement moins intéressantes !
    Mais plusieurs de ces textes parlent des traumatismes créés en Belgique par des affaires relativement récentes !


  • Conseillé par
    26 mai 2015

    Treize auteurs, treize nouvelles qui vont de l'histoire légère à la plus noire, de la réaliste à une plus onirique et même de la science fiction. Évidemment sur le nombre, certaines m'ont marqué plus que d'autres :

    - L'idiot du village, de Edgar Kosma : l'Américain est un petit bonhomme bien tranquille qui par imprudence va voir sa vie un rien transformée. Sur le thème de l'arroseur arrosé, une nouvelle qui joyeusement nous fait suivre un gentil idiot de la rue de Flandres et une cupide jeune femme.

    - Le tueur en pantoufles, de Nadine Monfils : la preuve en quelques pages que les livres n'apportent pas que du bon. Une nouvelle très drôle d'une auteure connue pour ses écrits dans ce genre (que je n'ai pas encore lus, mais je me promets de le faire depuis un moment)

    - La perruche, de Barbara Abel : une narratrice petite-bourgeoise du quartier Saint-Gilles accueille dans sa famille un étudiant étranger, l'étincelle qui va la faire exploser. Et l'on pense forcément à la chanson Les bourgeois de Jacques Brel, tiens, belge lui aussi.

    - Seuls les ruisseaux boueux coulent dans l'obscurité, de Patrick Delperdange : un guide pour touristes qui aime bien agrémenter ses soirées en les passant avec des femmes de son groupe doit partir à la recherche du fiancé de l'une d'elle qui a disparu.

    - L'ombre de la tour, de Émilie de Béco : traumatisée par l'affaire Dutroux, la Belgique, à la fin des années 90 mène la vie dure aux présumés pédophiles. Certains "épurateurs" pourraient s'en mordre les doigts quelques années plus tard. La vengeance c'est bien connu se déguste froide. Tendu, crispant et machiavélique !

    - L'Apiculteur, de Jean-Luc Cornette : Melchior, du temps où il s'appelait Joseph faisait pousser du cannabis dans les jardins dont il s'occupe, même celui du roi. Son trafic fonctionne bien et lui permet de lier connaissance avec quelque personne influente.

    Voilà pour ma favorites, et je m'aperçois que j'ai noté surtout les histoires traitées de manière humoristique ou légère (sauf pour L'ombre de la tour). Soit les Belges aiment la légèreté et l'humour. Soit c'est moi. Soit eux et moi. Toujours est-il que les écrivains sélectionnés pour ce recueil rivalisent d'imagination et de talent pour nous intéresser aux différents quartiers et personnages bruxellois. Et puis, pour être complet, je me dois de dire que d'autres nouvelles sont plus sombres, angoissantes parfois comme Dédales de Katia Lanero Zamora qui fait évoluer ses personnages dans un monde futur pas très engageant ou Rituel de Kenan Görgün, la plus dérangeante, qui met mal-à-l'aise, entre récit et fiction, entre reportage et invention ; la religion en est le thème principal et la fête de l'Aïd-el-kebir.

    Je m'excuse auprès de tous les autres auteurs, Paul Colize (Une fraction de seconde), Sara Doke (L'autre guerre de la Marolle), Ayerdhal (L'autre moitié d'une vie), Alfredo Noriega (Ecuador), Bob Van Laerhoven (Paint it, black) qui ne déméritent pas, loin s'en faut. Leurs nouvelles sont également très bonnes, ce qui vous le comprendrez hisse ce recueil dans ceux que vous ne pouvez éviter.