Le Samouraï, roman

David Kirk

Albin Michel

  • Conseillé par
    5 novembre 2014

    Coup de cœur pour ce roman à base historique qui dresse le portrait d’un Japon féodal où les samouraïs vivaient leurs heures de gloire. Figure emblématique de cette époque, celui qui se fera nommer plus tard « Musashi Miyamoto » se forgeait à coups de sabre un destin hors du commun. Histoire de ne pas offusquer les historiens, mieux vaut savoir avant d’entamer la lecture du « Samouraï » que le bouquin est largement romancé. De nombreuses zones d’ombre de son passé persistant, David Kirk lui invente une enfance et un héritage lourd à porter. Donc, forcément ce roman n’est pas à prendre au pied de la lettre.

    L’ambiance du roman, immersive, colle quant à elle, particulièrement bien à l’époque décrite. Les codes et règles qui régissent le Japon féodal sont croqués avec crédibilité et souci du détail. On est transporté aux côtés de Bennosuke qui essaye d’embrasser son statut et son univers avec dignité tout en se posant de nombreuses questions sur le rôle d’un samouraï. Que signifie être un samouraï ? Que considère t’on comme honorable ? Le rang définit-il ce que l’on est ? J’ai été happée par la narration et par cette histoire d’honneur aux accents tragédiens. Les manipulations politiques entre daimyos qui se jouaient en coulisse ajoutent encore un peu plus d’épaisseur au récit.

    La tradition du seppuku revêt ici un caractère sacré, honorable, malgré notre aversion certaine face à un acte qui semble barbare à nos yeux d’occidentaux. Toute cette cérémonie qui répond à des règles spécifiques est retranscrite par David Kirk avec brio, l’auteur prenant le temps de nous détailler chaque acte, chaque particularité. Le lecteur se retrouve transporté malgré lui à une époque différente, dans un pays différent où les mœurs et la tradition faisaient valeur de loi. Au point que ça ne choque personne qu’un enfant doive se faire seppuku pare qu’il est devenu le nouveau daimyo suite au décès de son père et qu’il est le légataire des péchés de son clan.

    La galerie des personnages est intéressante parce qu’elle nous introduit les seigneurs comme les moines et les paysans. Une manière de nous introduire les différentes façons qu’avaient les contemporains de l’époque d’appréhender la vie. Le personnage de Dorinbo, l’oncle de Bennosuke qui est moine est particulièrement intéressant parce qu’il ne voit pas les choses de la même manière que son frère, seigneur d’une province. Pour lui la vie est sacrée et il aimerait que son neveu suive une autre voie, moins cruelle. Le récit se termine alors que Bennosuke, notre futur Musashi Miyamoto rentre dans sa vie d’adulte. De quoi espérer de la part de l’auteur une suite qui reviendrait sur la vie de rônin de Miyamoto et sur son fameux combat contre les 60.