Autobiographie des objets

François Bon

Seuil

  • Conseillé par
    13 août 2012

    Des objets et des hommes

    Classiquement, une autobiographie est l'histoire de la vie de l'auteur. Ici, le titre porte à croire que les objets se racontent. Illusion. François Bon se rappelle des objets qu'ils a utilisé, se donnant ainsi un prétexte pour évoquer sa vie et celle de sa famille.

    Autant on pourra être étonné de la précision de ses souvenirs, de la persistance de sensations, (odeurs, images, textures...), autant il ne faudra pas espérer tout connaître de la vie de l'auteur. S'il parle de son père mécanicien, François Bon ne nous dira rien de son métier de soudeur. Mais on saura que les couteaux de son grand-père avaient une vie courte, trois ans, avant de prendre leur retraite dans une boîte à bougies Marchal. Les objets vivent de la relation qu'ils permettent d'établir avec les humains ou avec leur mémoire. On parlera donc de jouets, de nylon, de machines à écrire, de livres, de machines à laver, de photos de classe, de pied à coulisse, de règle à calcul, de panonceau Citroën, d'escaliers, de prises électriques... Chaque objet étant relié à un lieu, une personne, une famille, une histoire familiale, son histoire, finalement.
    Occasionnellement, on est soi-même embarqué dans son propre souvenir. Moi aussi, j'ai lu le "Haut-Parleur". Moi aussi, mon grand-père avait un couteau qu'il affûtait souvent. Moi aussi...
    Cette autobiographie non canonique raconte un monde où les objets avaient leur vie propre, duraient, s'usaient, n'étaient pas jetables. Comme le livre, d'ailleurs, qu'il faut lire et garder pour la Vendée des années soixante qu'il nous raconte, pour sa manière de narrer dans une belle langue une époque où la vie n'était pas virtuelle.