Pour les néophytes comme moi avant cette lecture, un farang est un Occidental peu versé dans la compréhension de la culture et de la civilisation thaï. L'inspecteur Sonchaï Jitleecheep s'adresse dès les premières lignes à son lecteur farang et le met au parfum quand celui-ci est confronté à des difficultés à décrypter une situation.
Il faut dire que Sonchaï mène une vie bien compliquée. Son rôle de "consigliere" pour son supérieur hiérarchique qui outre sa fonction officielle est aussi un grand baron de la drogue, l'amène à gérer des trafics qui chagrinent la partie de son âme qui aspire à s'élever par la voix du Bouddhisme. Le récit démarre alors qu'il vient de perdre dans un accident de voiture son fils unique de six ans. Son état de souffrance extrême l'amène à reconsidérer son existence et même ses enquêtes sous un autre jour.

Le meurtre d'un richissime Américain dans un quartier chaud de Bangkok commis selon un mode opératoire aussi barbare que littéraire va le conduire au Tibet, à Katmandou où sa route va croiser celle de Tietsin, un homme prêt à tout pour que son pays retrouve sa liberté. A partir de ce moment, quête spirituelle et enquête professionnelle se mêlent. John Burdett crée d'extraordinaires personnages drôles ou cruels, pathétiques ou monstrueux : Lek, l'assistant transsexuel de Sonchaï, Moï la pharmacienne, héritière d'une vieille famille chinoise, adepte des cocktails qui font planer, Tara, jeune Tibétaine, passée maîtresse dans le bouddhisme tantrique et les deux derniers, les plus croquignolets : les deux barons de la drogue, Vikorn, patron de la police et Zinna, patron des armées, éternels rivaux, éternels gamins qui jouent à savoir qui c'est qui est le plus fort !
J'ai eu du mal à me plonger dans ce Bangkok contemporain, si loin de notre civilisation occidentale mais au bout de quelques chapitres, la farang que je suis n'a pas regretté le voyage...