L'homme de Lyon

François-Guillaume Lorrain

Grasset

  • Conseillé par
    29 janvier 2011

    Je ne sais si c'est de mon fait ou non, mais en ce moment, j'ai du mal à entrer dans les bouquins. Celui-ci ne déroge pas à la règle. Mais, j'ai passé le cap des premières pages pour mieux m'imprégner de cette quête. Et finalement, je sors du livre plutôt réjoui.

    Toute la partie sur la Résistance, Jean Moulin et la guerre est intéressante, et François-Guillaume Lorrain, au travers de cette grande Histoire, nous conte la petite, celle de la famille du narrateur. Le Docteur Guy Rolin, douze ans en 1944 a vécu douloureusement cette période. L'enquête et la quête du fils sont bien menées et le secret ne se dévoile qu'en fin de roman, après des suppositions, des fausses-pistes, bien amené pour clore de belle manière ce livre. Le contexte est là, pesant, lourd, propice aux secrets, aux non-dits, aux mensonges.

    Mais ce qui m'a le plus intéressé, ce sont les relations père-fils, père-fille, et comment l'histoire de l'un peut influencer notablement et durablement ces relations. En bien, ou malheureusement en mal. Cette famille est mal en point, même lorsque le père est mourant : "Sa chambre d'hôpital aurait pu nous réunir, mais la mort avait déjà mis les barbelés. Ceux qui entraient croyaient voir un père et son fils venu à son chevet, mais il n 'y avait plus qu'un vivant et un déjà-mort. Je faisais semblant de m'intéresser aux infirmières, je suivais leurs gestes mécaniques, j'écoutais malgré moi leurs propos insignifiants. Des banalités, toujours des banalités, qu'il laissait dire. Il gisait comme une tortue renversée sur le dos. Un père, à la fin, c'est un animal blessé, vulnérable. Une machine qui se déglingue et qui casse de partout." (p.18)

    Au fil des pages, le journaliste découvre réellement son père. Entre eux, il y a toujours eu beaucoup de retenue, comme souvent dans cette génération de père-fils -et je sais de quoi je parle, mon papa avait aussi 12 ans en 1944 ! Et je suis un petit peu -à peine (?)- plus que trentenaire !- : "Je revois son visage. Etait-il beau ou laid ? Je ne sais pas. C'était un visage dur et fermé de statue, que j'effleurais du bout des lèvres, sans jamais le toucher. Mais les pères ne sont pas faits pour qu'on les touche." (p.109)

    Sobrement écrite, cette recherche d'identité parlera aux hommes de ma génération. Mais je crois qu'elle touchera également un public plus large, plus jeune et féminin. Tout le monde, quoi !