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    22 octobre 2020

    Stavros et son équipe sont des flics hors contrôle. Lui, électron libre désabusé, aimant la bonne chère, les bons vins -la liste de ceux qu'il boit est en fin de volume, très tentante, je ne connais pas les vins grecs- et les alcools en général. Eugène, ex-hacker reconverti en adjoint qui n'hésite pas à renouer avec ses démons pour le bien de ses collègues. Dora, ex des forces spéciales au parcours douloureux, totalement incontrôlable sauf par Stavros. Glykas, partisan de l'aube dorée, part d'extrême droite, déteste les migrants. Zervenis, flic discret, silencieux et taciturne. Ils vont devoir trouver le terroriste qui fait le vide sur son passage et menace la Grèce d'un attentat. Dans un contexte particulier : le pays sort à peine d'une crise sans précédent qui l'a laissé affaibli et doit faire face à des arrivées nombreuses de migrants, étant aux portes et aux frontières de l'Union Européenne. Union qui laisse la Grèce se débrouiller seule, la sommant même de régler le problème. Des fois que des migrants viendraient jusque chez nous en nombre... La Grèce entre ses difficultés économiques, sa dette à payer et les conflits qui naissent fatalement d'une arrivée massive de réfugiés est une véritable pétaudière. Et la Turquie, en face, qui joue avec l'Europe, qui menace et marchande et c'est encore son plus proche voisin européen qui trinque.

    Sophia Mavroudis écrit un roman dur, noir, très noir. Un polar qui va vite, totalement ancré dans une situation géopolitique tendue et explosive. Ses personnages sont eux-mêmes abimés et sentent que l'ambiance n'est pas au beau fixe. Ils doivent faire avec leurs petites ressources et avec le chapeautage de l'Europe très bureaucratique, qui juge sans apporter de moyens supplémentaires. Ça part parfois vite, c'est violent. Même entre les flics : Stavros a de plus en plus de mal à bosser avec Glykas, le facho qui ne se contente pas de proférer des propos haineux -ce qui est déjà insupportable. Aucun d'eux n'a de vie personnelle ressourçante. Chacun est nostalgique à sa manière de la Grèce antique ou ancienne, des traditions, des us et coutumes. C'est sans doute la raison pour laquelle, Stavros s'arrête souvent au restaurant et que l'autrice nous détaille les vins et mets qu'il déguste, une manière pour lui de garder racines (il m'invite quand il veut !).

    Sophia Mavroudis n'omet ni n'amoindrit les défauts et côtés obscurs de ses personnages et du pays dans lequel ils vivent, elle n'en trace pas des portraits angéliques, loin s'en faut, et c'est cela qui donne à son roman une force et une crédibilité incroyables. J'avais aimé le tome 1, sobrement intitulé Stavros, j'ai davantage apprécié Stavros contre Goliath et trois autres sont promis.