L'Empire d'un homme

Ramón José Sender

Attila

  • Conseillé par
    3 juin 2011

    L'empire d'un homme

    Cela commence comme une chronique villageoise dans les années 1920 en Espagne : des riches propriétaires, des paysans et des bergers, un instituteur, un curé, une femme considérée comme une sorcière, des enfants jouissant de pas mal de liberté…

    Cette communauté n’est pas si soudée que cela, car les élections approchent, et chacun des prétendants essaye de mettre à son profit les évènements qui surviennent dans le village. L’histoire est racontée par un jeune garçon qui se voit convié à une partie de chasse un peu particulière, puisqu’il s’agit de retrouver un homme, sauvage et en haillons, qui a été aperçu sur les terres de la commune. Don Ricardo, qui mène la chasse, s’obstine à penser que cet homme doit forcément être coupable d’un crime, puisqu’il se cache. Le père du jeune garçon est heureusement plus prompt à tenter de comprendre ce qui a amené cet homme à survivre ainsi, seul dans une montagne aride. Pratiquement muet, il est ramené au village, puis reconnu : Sabino avait disparu quinze années auparavant et été déclaré mort. Deux journaliers, les dernières personnes à le voir vivant, avaient même reconnu son meurtre. En retraçant tout les détails de cette affaire, Ramon Sender fait un roman d’une enquête journalistique, puisque les faits ont vraiment eu lieu. Le roman est d’ailleurs suivi des articles du quotidien El Sol de mars 1926, très intéressants à parcourir, même si j’ai largement préféré la version roman.

    J’ai découvert Ramon Sender dans une librairie, j’avais été très tentée d’acheter Requiem pour un paysan espagnol, et cela ne s’est pas fait, mais grâce à Dialogues Croisés, je me rattrape et j’en suis ravie ! Je continuerai la découverte de cet auteur d’une soixantaine de romans, dont seulement quelques uns sont traduits en français, je devrai me contenter de ceux-là… De plus, les éditions Attila ont fait un magnifique travail de maquette et commandé des illustrations à la plume, qui ajoutent une touche fantastique au roman. Pas de réalisme magique pourtant, le récit reste très ancré dans le quotidien le plus réel, même si les faits sortent de l’ordinaire. La dénonciation du système judiciaire de l’époque est très bien menée et on ne s’ennuie pas un seul instant. Je vous invite vivement à découvrir Ramon Sender, avec ce titre ou l’un des autres parus.