François-Régis SIRJACQ (Libraire)

23,50
19 mars 2016

Nous revoici à Naples, ville si chère à Elena Ferrante. Nous y retrouvons Lila.
Au cours de son repas de mariage, Lila découvre que son mari Stefano a offert les chaussures imaginées et dessinées par elle à Marcello Solara, qui règne sur le quartier avec son frère, Michele, deux hommes qu’elle déteste.
Certes Lila est née pauvre et est devenue riche en épousant l’épicier Stéphano Carracci. Mais ce geste de Stéphano la trouble : refusant qu’il la touche, elle l’ignore. Cependant elle finit par céder.
Elle décide de travailler dans la nouvelle boutique de la famille Carracci. Stefano ouvre un magasin de chaussures avec les Solara.
Son amie Elena, la narratrice déjà dans « l’amie prodigieuse » (paru en poche Folio), étudie au lycée et est toujours amoureuse de Nino Sarratore.
Les vacances arrivent : comme tous les ans, les deux amies partent pour Ischia en compagnie de Nunzia, la mère de Lila. Lila a eu l’autorisation de Stephano de partir car il pense que l’air vivifiant de la mer ne peut qu’être bénéfique, lui permettant ainsi de mettre toutes les chances de son côté pour lui donner un fils. La famille Sarratore aussi est en vacances à Ischia et bientôt Lila et Elena revoient Nino.
Le nouveau nom est la suite de L’amie prodigieuse, qui évoque l’enfance et l’adolescence de Lila et Elena. Là, elles ont grandi et, encore une fois leurs chemins se séparent puis se recroisent. Dans l’Italie en plein boom économique, Elena Ferrante, avec force et conviction, nous décrit la Naples des cartes postales, charmante dynamique bruyante et aussi mafieuse…elle y poursuit sa reconstitution d’un monde, Naples et l’Italie, et d’une époque, des années cinquante à nos jours, donnant naissance à une saga romanesque au souffle unique.
Elena Ferrante est l’auteur d’une œuvre de fiction parmi les plus singulières et marquantes dans la littérature italienne actuelle. L’amie prodigieuse et Le nouveau nom seront suivis en 2017 et 2018 par les deux derniers volets de sa tétralogie dans laquelle elle nous fait revivre le Naples des années cinquante à nos jours.

19 mars 2016

Gérard OBERLE, libraire de livres anciens, est un érudit loin du conformisme parisien puisque vivant dans un manoir du Nivernais. Mais, c’est aussi un gastronome averti, un œnologue jouisseur ainsi qu’un grand mélomane. C’est en tout cas ce que dit sa biographie. En fait, c’est tout le portrait de son personnage favori Chassignet. Après quelques années d’absence, G OBERLE le fait réapparaître dans son dernier livre, un livre de 3 nouvelles truculentes.
La 1° nouvelle se passe en Egypte, à Assouan plus particulièrement où Chassignet aime à séjourner lors des périodes d’hiver. Une femme mystérieuse MITZI, vient troubler le quotidien de notre personnage à tel point qu’il sera ébranlé par le sort de cette fascinante femme que le destin a conduite sur les bords du Nil pour une ultime escale.
La 2° nouvelle se situe en Nouvelle Calédonie. Chassignet y fait la connaissance d’un type très énigmatique, bourlingueur qui a gouté aux délices des tropiques, essuyé de sacrés coups de tabac avant de s’échouer dans une tribu Kanak où il trouvera la sérénité.
Dans la 3° nouvelle, on retrouve notre Chassignet aux Etats-Unis, en Arizona auprès de son vieil ami Kenton. Puis, sillonnant les routes du Sud en compagnie d’un jeune australien, il tombe en panne dans un bled perdu peuplé de ploucs racistes qui les retiennent en otage.
Un nouveau OBERLE est toujours un plaisir de lecture renouvelé. OBERLE est un conteur très doué dont le personnage, Chassignet, rabelaisien pure souche, est un baroudeur cultivé. Ces trois nouvelles sont d’une lecture salutaire qui font du bien à l’âme et au cœur.

Sabine Wespieser Éditeur

21,00
19 mars 2016

Passionnant

Il y a JOSEPH DJOUGACHWILI, surnommé SOSSO et dont on devine très rapidement qu’il est le futur Staline ; et JOSEPH DAVRICHEWI, arrière grand-père de l’auteur. Ils sont tous les deux nés en Géorgie à Gori et y ont grandi. L’autre Joseph est le fils de Damiane, préfet de Gory : celui-ci, afin de la protéger d’un mari violent emploie la mère de SOSSO, et participe à l’éducation de celui-ci. Les rumeurs ne trouvent-t-elles pas une ressemblance physique entre les 2 Joseph et cette attention particulière de Damiané envers Joseph ne laisse t-elle pas un doute s’installer sur les rapports entre la mère de Sosso et Diamané.
Les 2 adolescents font les 400 coups, dans les rues. Arrive le moment de partir au collège, Sosso rentre au séminaire à Tiflis tandis que l’autre Joseph intègre le collège de la même ville. Sosso se révèlera très vite un agitateur notoire puis un activiste tout cela aboutissant à son renvoi et son exil en Sibérie. Pendant ce temps, l’autre Joseph part à Paris.
De retour à Gori en 1905, au début de la révolution, les 2 Joseph s’écartent l’un de l’autre, l’autre Joseph défendant une Géorgie indépendante pendant que Sosso devenu bolchévique ayant d’autres ambitions. Staline marche vers son destin tandis que Joseph entre dans une vie adulte tumultueuse dont la 1° étape sera la fuite et l’exil.
De toute cette période de leur jeunesse, ou le quotidien des bagarreurs de Gori devenus d’ardents révolutionnaires, on retient avant tout le portrait de Joseph, aïeul de l’auteur Khetevane.
Finalement toute sa vie, Joseph a été obligé de prendre en compte son encombrant camarade. Ses choix ultérieurs (pilote d’avion lors de la grande guerre du côté de la France, son rôle d’espion) ont sans doute été dictés par l’ombre menaçante du maître du Kremlin. La mort de celui-ci délivrera Joseph définitivement lui permettant d’écrire ses mémoires « ah ! ce qu’on rigolait bien avec mon copain Staline »
Prévenant ses lecteurs de sa volonté de faire de la mémoire familiale la matière de son nouveau roman, l’auteur se fixait une ligne : Excellant dans la description des années de transition de l’enfance à l’adulte, apprivoisant sa propre légende familiale, elle nous raconte l’autre Joseph, un véritable personnage de roman au profil passionnant.

19 mars 2016

Une vraie réussite !

Le fil conducteur de ce roman c’est CONSTANCE, jeune femme oisive, qui vit avec un mari musicien, LOU TSANK, dont les succès ne sont que des souvenirs lointains.
Elle est enlevée en plein Paris par une bande d’amateurs pour bien évidemment réclamer une rançon à son mari, le tout téléguidé par un commanditaire un peu spécial. Ces ravisseurs sont de véritables pieds nickelés qui ne vont pas comprendre pourquoi LOU TSANK ignore leur revendication et qui refuse de prévenir la police par crainte de voir déterrer une affaire ancienne bien gênante : il préfère même se consoler bien vite dans les bras d’une nouvelle conquête.
Constance est donc prisonnière dans une ferme abandonnée de la Creuse. Les ravisseurs, inquiets des projets du commanditaire la cachent… au sommet d’une éolienne ou celui-ci n’aura aucun mal à la retrouver. Il lui proposera alors une mission improbable en Corée du Nord.
Véritable voyage au cœur de l’absurde, ce nouveau roman de Echenoz, tel un roman d’espionnage nous entraîne de Paris en Creuse puis en Corée du Nord.
Les personnages sont décalés, les scènes sont comiques (ah ! la scène de l’enlèvement avec comme seule arme une perceuse, l’épisode cocasse de la mission en Corée). Ce roman est une vraie réussite.

19 mars 2016

Fable extravagante, drôle et bouleversante

Devenu homme, mais néanmoins resté un grand enfant, le fils se souvient de façon toujours aussi émerveillé, de ses parents qui dansaient sur MR BOJANGLES de NINA SIMONE. Ils s’aimaient passionnément, d’une façon magique, vertigineuse, vivant dans un monde parallèle ou il n’y a place que pour le plaisir. Adeptes du vouvoiement, ils se donnaient en permanence des prénoms imaginaires, délaissaient leurs courriers et n’ouvraient pas aux huissiers. Chaque jour était une fête nouvelle. Celle qui mène le bal, c’est la mère, imprévisible, extravagante : elle n’a de cesse de les entrainer dans un tourbillon de chimères et de poésie. Un jour, elle décide de donner au fils unique une manière de grande sœur : Mlle Superfétatoire, belle grue de Numidie qui dormait debout et ne détestait pas apparaître dans les mondanités.
Puis vint le jour : la mère fantasque alla trop loin ; elle sortait à poil dans la rue, elle fut internée en psychiatrie lourde. Le père et le fils vont l’exfiltrer le temps d’une dernière illusion.
Ce roman est rempli d’énergie et nous emporte dans un tourbillon de fantaisie. Il est envoutant, touchant et déstabilisant. On est séduit par ces personnages totalement décalés hors du temps qui nous embarquent dans un univers fantasque, ou les chimères et la poésie prennent le pas sur la réalité. Fable extravagante, drôle et bouleversante, ce roman ne peut laisser indifférent, il y a du Boris Vian chez cet auteur dont c’est le 1er roman.