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    26 juillet 2017

    Réfugié en France avec son père peu après la révolution islamique alors qu'il n'avait que 4 ans, Narek Djamshid, revient en Iran dans l'espoir d'écrire un papier sur les élections présidentielles qui doivent y avoir lieu et peut-être y retrouver le souvenir de sa mère décédée avant leur fuite. Il y rencontre Leila Tabihi, une féministe intégriste, fille d'un des pères de la révolution et amie de ses parents, et l'accompagne par hasard au tribunal où elle doit rencontrer l'ayatollah Kanuni, un juge répressif que certains qualifient de "bourreau de Téhéran". Malheureusement, ils trouvent le religieux assassiné dans son bureau. Arrêtés, ils sont rapidement libérés mais Narek se voit confisquer ses passeports. Coincé en Iran, il en profite pour découvrir Téhéran, se renseigner sur sa mère tandis que Leila enquête discrètement sur le meurtre de Kanuni qu'en haut lieu on semble vouloir étouffer, aidé de son fidèle ami Mirza Mozaffar, un laïc, leader de l'opposition au pouvoir en place.

    Le suspense n'est certes pas haletant mais quelle source d'informations sur la société iranienne et le régime des mollahs ! On peut en mesurer toutes les contradictions, les hypocrisies, la corruption et la violence. La vie des Iraniens est régie par la loi islamique et même si certains sont habiles pour la contourner, on peut se faire arrêter pour un mot de trop, un foulard mal noué ou une tenue jugée trop occidentale. Et ils sont nombreux à exercer l'autorité, entre la police, les martyrs de la révolution, les gardiens de cette même révolution et autres fractions para-militaires. L'auteure en profite aussi pour revenir aux origines de la révolution de 1979, évoquant les camps en présence, les dissensions malgré l'ennemi commun, la pression des religieux, les trahisons et la prise de pouvoir des mollahs. Si au début, il s'agissait de chasser le shah et ses amis pour une société plus juste et de lutter contre l'impérialisme américain, au final, les Iraniens se trouvent enfermés dans un pays isolé par la communauté internationale et ils sont nombreux à rêver d'exil, d'Amérique malgré l'amour de la patrie.
    Roman sociologique plus que roman noir écrit par une auteure qui sait de quoi elle parle puisqu'elle a quelques points communs avec Narek. À découvrir pour la balade en Iran.