Les corps brisés

Elsa Marpeau

Gallimard

  • Conseillé par
    30 septembre 2017

    Des corps et des âmes brisées....

    Sarah est coureur automobile, elle aime la vitesse, les défis, les victoires. Mais cette fois, sa soif de gagner, la conduit directement dans le coma à l’hôpital, pour un virage raté.
    Paralysée des jambes, elle doit alors se faire à ce nouvel état et à la culpabilité d’avoir « tué » son co-pilote. C’est dans une clinique à la montagne qu’elle doit ré-apprendre à vivre et à envisager un futur.
    Mais vivre autour de tous ces gens abimés, la pousse de plus en plus vers la dépression, que seuls Clémence, sa compagne de chambre et Alexandre, l’infirmier, peuvent empêcher.
    L’espoir créé par l’amitié, la promesse de l’amour et de remarcher un jour, la maintiennent en vie, jusqu’au jour où sans explication, Clémence disparaît. Régulièrement, il y a eu des disparitions dans cette clinique, et Sarah en est convaincue, ce n’est pas un hasard mais un acte malveillant.
    Seulement à trop vouloir en savoir, ne se met elle pas en danger ?

    Le bandeau du livre nous annonce A la croisée de Sade et de Misery, et je me suis demandé pendant un long moment le pourquoi, de cette accroche.
    Le livre s’ouvre plutôt sur la vie de quelqu’un qui n’a plus aucune faculté physique, que l’on lave, que l’on promène, que l’on prend complètement en charge. De femme forte et déterminée dans un milieu de machos, Sarah n’est plus que l’ombre d’elle même, et le récit se rapproche de celui de Grand Corps Malade qui racontait dans Patients, les heures qui s’égrainaient sans fin, dans la souffrance.
    De la souffrance à la folie, il n’y a qu’un pas et Elsa Marpeau, met en place un climat lourd, de plus en plus étouffant, où Sarah plonge dangereusement dans la paranoïa.
    D’ailleurs, on se demande même si elle ne rêve pas ces disparitions ….
    Ce court thriller est vraiment très efficace, la dernière partie, en huis clos vraiment prenante, et en même temps, extrêmement angoissante lorsque l’on sait que des faits réels l’ont inspirée. On se dit que l’atrocité humaine peut être sans fin….
    L’appât du gain dans les situations les plus atroces, le handicap, la place de la famille, et toutes les choses qui font la vie au quotidien, autant de thèmes dépeints avec beaucoup de justesse par cette auteure dont j’ai vraiment envie de découvrir les précédents livres.
    Une belle découverte.