Le récit de deux histoires qui reprennent : celle d’un pays, puissance
historique déchue qui aspire à être un leader de l’Afrique de demain ; celle,
plus intime, d’un homme de retour dans son pays d’origine, et qui souhaite
participer à son futur. Puissance économique mondiale avant la colonisation,
la RDC reste ce géant endormi de l’Afrique, aux ressources naturelles
inestimables, mais dont l’histoire politique heurtée, notamment marquée par
une décolonisation partielle, a retardé le développement économique. Pourtant,
le pays ne manque pas d’arguments pour devenir un des leaders du monde de
demain : une position centrale, à la fois géographiquement et culturellement ;
une population jeune et dynamique ; une diaspora qui se tourne de plus en plus
vers son pays d’origine ; un territoire immense, riche, qui reste à valoriser,
par des infrastructures adaptées et une vision ambitieuse d’une économie
verte. Lorsqu’on parle de la RDC, on ne voit souvent que ses ressources
naturelles, notamment minières, objet de toutes les convoitises. Des richesses
qu’il faut défendre et préserver, véritable atout de cette puissance en
devenir dans le contexte de crise écologique. Cependant, sa première
ressource, c’est son peuple, qui devrait plus que doubler d’ici 2050. Un
peuple qu’il faut former, accompagner, mais également rassurer, en
garantissant la souveraineté territoriale et en tournant la page de décennies
de démocratie défaillante. Un peuple, et un territoire, qu’il faut mieux faire
connaître, pour attirer de nouvelles entreprises, de nouveaux partenaires
économiques, de nouveaux visiteurs, mais également retenir les compétences et
encourager le développement des entreprises locales. La première condition
d’un développement économique durable, c’est bien sûr la stabilité
démocratique et territoriale, elle-même permise par la paix et le dialogue.
Une stabilité encore fragile, mais qui commence à se dessiner. La seconde,
c’est la stabilité du système économique lui-même, gage de progrès pour tous
et de partenariats équilibrés, avec des sous-jacents financiers solides, des
instances de régulation légitimes, capables de protéger l’épargne, de soutenir
la croissance et l’emploi. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de ce livre : penser
la stabilité économique de la RDC comme le second étage de sa « normalisation
» politique. Né au Congo en 1978, Junior Mbuyi est arrivé en France à l’âge de
4 ans. Après une carrière internationale de vingt ans comme expert des
questions de régulation financière, il a créé en 2018 sa propre entreprise qui
investit et intervient dans une dizaine de pays, notamment en RDC. Ce nouveau
lien, économique et entrepreneurial, a permis à ce citoyen du monde de
reprendre le fil d’un dialogue avec son pays d’origine et d’en déduire des
perspectives d’action stimulantes, nourries de ce regard binational.